PlaceholderJ.C. 2008

J.C. 2008

Dans son travail de capture des mots et des formules, Jérôme Conscience interpelle et interprète les formules ambigües où les choses du réel se disent plus aisément dans l’autre langue.

 

Ici un anglais de chansons, mais peut-être aussi de ces romans policiers qui sont supports à un énoncé du réel ramené à un imaginaire sous-tendu par des slogans plus que par des narrations. Nous sommes à un point limite où la bande son de notre imaginaire est ramenée à des formules où l’amour est dit dans un énoncé brut d’un désir. Celui-ci LOVE, RAPE et KILL dit la violence des sentiments. Mais cette violence est en même temps neutralisée dans une perte de sens du mot comme usé parce que trop utilisé. Ces mots qui disent le réel sont alors des pares-feu au réel plus qu’ils ne le disent. Cette idée d’usure est aussi là présente dans l’allégorie de la voiture brûlée. Symbole d’une révolte constante et sans cesse activée, la voiture ici est en fin de course et est immolée en un sacrifice de l’objet. L’artiste brûle son Alfa Roméo usée. En répétant le geste de la révolte sur son propre objet, il montre en quoi l’artiste va au bout de la chose jusque dans ce sacrifice d’elle. Il s’approprie le relais à la chose jusqu’au bout, là où la révolte des villes ne produit qu’un autodafé. Autodafé n’est pas sacrifice; il est signe d’un ordre pervers quand le sacrifice tente de fonder. Jeu sur le réel le travail de Jérôme Conscience joue ici des signes de la violence en en montrant le côté convenu.

 

Louis Ucciani, 2008